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Suivi d'une colonie de Polyergus rufescens
16 janvier 2016

Formica (Serviformica) fusca

Face à la difficulté que j'ai rencontrée l'an dernier quant à l'approvisionnement en cocons pour ma colonie de Polyergus rufescens, j'ai commandé quatre fondations de Formica fusca qui sont arrivées avant-hier.

2016-01-16 11

Le souci c'est qu'entre les Polyergus rufescens, les Formica truncorum, la reine Messor barbarus et la reine Crematogaster scutellaris, le "frigo" est presque plein ! Donc j'ai beaucoup hésité : quatre colonies distinctes sur lesquelles prélever des cocons alternativement chaque année, ou une seule colonie polygyne ? J'ai donc décidé de laisser le sort choisir : ma théorie depuis plusieurs années est que les fourmis, au stade de la fondation, ne produisent pas assez de phéromones dans l'air pour avoir une véritable odeur coloniale, ce qui expliquerait leur craintivité à ce stade. Aussi en grandissant, la colonie voit ses effectifs s'accroître et la concentration phéromonale dans l'air devient suffisante pour que les phéromones en question ne soient pas altérées (réaction chimique avec des éléments présents dans l'air, réaction chimique avec les phéromones d'autres fourmis/insectes, etc...), et que donc il y ait "identité coloniale". Pour vérifier cette théorie (déjà "vérifiée" avec des gynes Raptiformica et Sensu-stricto mais l'expérience était faussée par le caractère dépendant de ces espèces parasites), j'ai simplement pris les quatre fondations, et je les ai disposées dans une grande aire de chasse.

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Si il y a combats, alors il y a identités coloniales. Si il y a adoption, alors il n'y a pas d'identité coloniale et ma théorie est vérifiée. Le Tube du haut est le tube A, et ainsi de suite jusqu'à D en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.

  • 12h00 - Début de l'expérience. Mise en place des fondations.
  • 14h22 - Transport social entre deux ouvrières non-identifiées.
  • 14h24 - La même ouvrière va chercher une autre ouvrière dans le tube A et la ramène dans le tube B.
  • 14h39 - La fondation du tube A a entièrement été rapatriée dans le tube B.
  • 14h41 - Premier contact entre une ouvrière du tube B et la fondation du tube C (trophallaxies).
  • 16h30 - La fondation du tube D a entièrement été rapatriée dans le tube B.
  • 19h25 - La fondation du tube C a entièrement été rapatriée dans le tube B. Fin de l'expérience.

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On peut imaginer que les fondations étaient issues du même essaimage, ce qui fausserait l'expérience. Mais pour avoir réalisé la même expérience avec des fondations d'autres espèces, c'est pour moi une confirmation : il n'y a pas réellement d'identité coloniale à ce stade de la colonie. Cependant, on peut s'interroger sur la source de ce phénomène car les ouvrières dites "de première génération" sont très chétives comparé aux ouvrières de colonies adultes. Ces ouvrières seraient-elles incapables de produire une odeur coloniale stable ? Malheureusement je n'ai pas le matériel adéquat pour vérifier ma théorie quant à la quantité de phéromones produite par une colonie de ce stade et à la transformation de ces phéromones dans l'air du fait de la faible quantité produite, mais je suis persuadé qu'à moins d'arriver à un stade où la production de phéromones est supérieure à la vitesse de transformation/dispersion dans l'air de ces phéromones, il n'y a pas d'identité coloniale. Dans l'idéal il faudrait réduire plusieurs colonies adultes à la "taille" de la fondation et retenter l'expérience en ayant vérifié auparavant que les ouvrières se combattent lorsque les grandes colonies sont mises en présence. Mais pour moi cette théorie expliquerait la cohabitation au sein de mêmes nids de Lasius niger et Myrmica rubra observée il y a quelques années : quelque soit l'espèce, elles utilisent les phéromones de la même manière (ce qui semble ne pas forcément être le cas pour les espèces parasites au vu de mes récentes mésaventures avec Polyergus rufescens : elles semblent perdre leur odeur coloniale beaucoup plus facilement que les Formica fusca -ce qui profite à la gyne lors du parasitisme- puisque les ouvrières Serviformica s'engluant dans des liquides ne sont jamais attaquées une fois nettoyées puis réintroduites; J'en déduis donc que les Polyegus rufescens utilisent peut-être des molécules plus volatiles ou sur une épaisseur plus restreinte du cuticule). Cet été je déposerai des colonies d'espèces différentes dans une cloche sous vide avant de les regrouper : je suis persuadé que le fait de devoir reconstituer leurs odeurs coloniales ensemble conduira à une fusion des différentes fondations. En attendant, me voilà avec une belle fondation de Formica fusca à 4 reines !

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J'ai fait déménager tout ce petit monde dans un tube propre et plus grand avant de les placer au frais.

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J'ai choisi de faire le suivi de cette colonie en parallèle de celui de mes Polyergus rufescens parce qu'elles ne sont là que pour m'aider à maintenir ces esclavagistes délicates. Mais pour l'instant, on attend le printemps !

 

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